Elveon
01-24-2010, 01:50 AM
Paris n’est plus une fête!
Source: http://www.courrierinternational.com/article/2005/07/07/pour-les-russes-paris-n-est-plus-une-fete
La presse moscovite s’en prend de plus en plus à la France, qu’elle considère comme trop métissée et décadente. Pour preuve, cet article publié par le très sérieux hebdomadaire Kommersant Vlast.
Nous avons l’habitude de penser que la France, ce sont les cuisses de grenouilles, le fromage, la mode, le vin, Renault, Peugeot et les élégantes Parisiennes. Mais la réalité vient démentir ces stéréotypes. La France du XXIe siècle, ce sont les kebabs, la bière, les Mercedes, les soldes et les femmes voilées.
Première grande idée reçue, le Français est un amateur de grenouilles. Comme il fallait s’y attendre, les Français ne mangent pas de cuisses de grenouilles. A Paris, il est assez difficile de dénicher un restaurant qui propose cette spécialité, et il est encore plus dur de rencontrer un Français qui en ait goûté un jour. Les gourmets français préfèrent calmer leur faim avec des kebabs. A tous les coins de rue, on trouve des échoppes où un morceau de viande rôtit à la broche. On appelle cela le “sandwich grec” et tout le monde en mange sans se poser de questions. Parfois, pour changer, les Français ont recours à un autre sommet de la gastronomie locale, les crêpes. Après avoir avalé son sandwich grec ou sa crêpe, le Français ne va pas déboucher une bouteille d’un château renommé datant d’une grande année 1900 et quelques. La boisson des Français d’aujourd’hui, c’est la bière. Certains font parfois des manières, mais tous en boivent.
C’est la furie des soldes qui fait la mode
Autre cliché, les Français sont très patriotes et ne consomment que des produits nationaux. C’est effectivement le cas avec les boissons (de la bière, oui, mais française !). Mais, côté automobile, la situation est plutôt dramatique. Parmi les Français, il y a ceux qui ont les moyens et peuvent se permettre de dire : “Bien sûr, je suis patriote. Mais je ne suis pas idiot, c’est pour cela que je roule en Mercedes”, et ceux qui gagnent un peu moins et bafouillent sur un ton d’excuse : “Bien sûr, j’aurais aimé m’acheter une vieille Peugeot, mais j’ai dû me contenter d’une Volkswagen d’occasion.”
Continuons. Le galant Français doit avoir une galante Française pour la faire monter dans sa voiture française et échanger avec elle un “baiser français”. Toutefois, de nos jours, cette Française ne sera pas forcément élégante. La véritable mode ne se dicte plus dans les boutiques, mais pendant les périodes de soldes des immenses centres commerciaux. Pendant des mois, les Françaises font le tour des magasins, essaient, choisissent. Le jour tant attendu des soldes, des foules de dames se massent devant l’entrée, et dès que la grille automatique commence à se lever, elles se glissent dessous avec des cris stridents, jouant des coudes pour se précipiter à l’intérieur du magasin et se saisir du vêtement qu’elles ont déjà essayé trois fois. Bien sûr, dans la précipitation, elles s’emparent de n’importe quoi, c’est la loi du genre, et il leur faudra porter cela pendant six mois, jusqu’aux soldes suivants.
Avoir les cheveux défaits, des ongles longs et des talons hauts est mal vu chez les élégantes françaises, car c’est l’apanage des prostituées et des femmes d’Europe de l’Est, assurent-elles. L’une des raisons de cette sévérité est sans doute qu’un nombre croissant de ces vraies Françaises porte le hidjab.
Paris suscite une avalanche de poncifs. La tour Eiffel, au pied de laquelle doivent flâner les couples d’amoureux. Les berges de la Seine, lieu de prédilection pour les promenades vespérales des respectables grand-mères avec leurs petits toutous. Les Champs-Elysées, où défilent avec fierté, sous le drapeau tricolore, les anciens combattants portant la Légion d’honneur. Le Louvre, si raffiné, qui attire aussi bien les amateurs d’antiquités et d’architecture que les adolescents nourris de Dumas, rêvant de duels et de mousquetaires. Le séduisant Montmartre, centre mondial de la bohème, avec ses peintres géniaux et son persistant parfum d’absinthe. Enfin, la place Pigalle et le cancan débridé du célèbre Moulin-Rouge.
“Les amoureux des bords de seine sont homosexuels”
Dans le Paris actuel, ces images familières ont désormais d’autres visages. Au pied de la tour Eiffel, de jeunes gens à la peau sombre jouent au foot. Ils portent tous des maillots estampillés du nom des héros de la France d’aujourd’hui. Ils peuvent ignorer l’existence de Jeanne d’Arc ou d’Antoine de Saint-Exupéry. Leur histoire, leur légende, ce sont Zidane, Henry, Lizarazu, Thuram, Dessailly.
Le soir, des couples d’amoureux échangent des baisers sur les bancs des bords de Seine. Pour l’essentiel, ce sont des couples homosexuels, eux aussi aiment promener leurs bichons le long de la Seine. Les Champs-Elysées, pour le plus grand bonheur des touristes, voient bien défiler de fiers autochtones. Ce sont souvent de joyeux Asiatiques en costumes nationaux de couleurs vives, s’accompagnant de grands tambours et de flûtes. Ils y célèbrent le nouvel an chinois, ou vietnamien ou un autre encore.
Le vénérable Louvre vous accueille par une énorme pyramide de verre. Les Français aiment le contraste entre le baroque sophistiqué et les chefs-d’œuvre postmodernes. A côté de chaque église gothique, ou presque, se dresse une sculpture métallique à la géométrie inintelligible.
A Montmartre, on ne boit plus d’absinthe, mais le quartier a conservé sa réputation interlope. C’est là que s’installent les familles immigrées à faibles revenus. On y pratique le trafic de drogue et, le soir, de jeunes voyous se battent dans les petites rues. Plus de peintres bohèmes mais des Arabes, qui vendent des souvenirs fabriqués en Chine. Même si elles sont restées des centres de la vie nocturne, les lieux de plaisir que sont les places Clichy et Pigalle ont vu le traditionnel cancan supplanté par les peep-shows ou les soirées privées avec danse du ventre.
En un mot, la France étonne à chaque pas le visiteur cultivé. Heureusement, à Moscou, on peut encore s’installer dans un petit restaurant français bien tranquille et déguster une bouteille d’un château millésimé, se servir un morceau de camembert et échanger un “baiser français” avec une élégante amie.
Mikhaïl Zygar
Kommersant-Vlast
Source: http://www.courrierinternational.com/article/2005/07/07/pour-les-russes-paris-n-est-plus-une-fete
La presse moscovite s’en prend de plus en plus à la France, qu’elle considère comme trop métissée et décadente. Pour preuve, cet article publié par le très sérieux hebdomadaire Kommersant Vlast.
Nous avons l’habitude de penser que la France, ce sont les cuisses de grenouilles, le fromage, la mode, le vin, Renault, Peugeot et les élégantes Parisiennes. Mais la réalité vient démentir ces stéréotypes. La France du XXIe siècle, ce sont les kebabs, la bière, les Mercedes, les soldes et les femmes voilées.
Première grande idée reçue, le Français est un amateur de grenouilles. Comme il fallait s’y attendre, les Français ne mangent pas de cuisses de grenouilles. A Paris, il est assez difficile de dénicher un restaurant qui propose cette spécialité, et il est encore plus dur de rencontrer un Français qui en ait goûté un jour. Les gourmets français préfèrent calmer leur faim avec des kebabs. A tous les coins de rue, on trouve des échoppes où un morceau de viande rôtit à la broche. On appelle cela le “sandwich grec” et tout le monde en mange sans se poser de questions. Parfois, pour changer, les Français ont recours à un autre sommet de la gastronomie locale, les crêpes. Après avoir avalé son sandwich grec ou sa crêpe, le Français ne va pas déboucher une bouteille d’un château renommé datant d’une grande année 1900 et quelques. La boisson des Français d’aujourd’hui, c’est la bière. Certains font parfois des manières, mais tous en boivent.
C’est la furie des soldes qui fait la mode
Autre cliché, les Français sont très patriotes et ne consomment que des produits nationaux. C’est effectivement le cas avec les boissons (de la bière, oui, mais française !). Mais, côté automobile, la situation est plutôt dramatique. Parmi les Français, il y a ceux qui ont les moyens et peuvent se permettre de dire : “Bien sûr, je suis patriote. Mais je ne suis pas idiot, c’est pour cela que je roule en Mercedes”, et ceux qui gagnent un peu moins et bafouillent sur un ton d’excuse : “Bien sûr, j’aurais aimé m’acheter une vieille Peugeot, mais j’ai dû me contenter d’une Volkswagen d’occasion.”
Continuons. Le galant Français doit avoir une galante Française pour la faire monter dans sa voiture française et échanger avec elle un “baiser français”. Toutefois, de nos jours, cette Française ne sera pas forcément élégante. La véritable mode ne se dicte plus dans les boutiques, mais pendant les périodes de soldes des immenses centres commerciaux. Pendant des mois, les Françaises font le tour des magasins, essaient, choisissent. Le jour tant attendu des soldes, des foules de dames se massent devant l’entrée, et dès que la grille automatique commence à se lever, elles se glissent dessous avec des cris stridents, jouant des coudes pour se précipiter à l’intérieur du magasin et se saisir du vêtement qu’elles ont déjà essayé trois fois. Bien sûr, dans la précipitation, elles s’emparent de n’importe quoi, c’est la loi du genre, et il leur faudra porter cela pendant six mois, jusqu’aux soldes suivants.
Avoir les cheveux défaits, des ongles longs et des talons hauts est mal vu chez les élégantes françaises, car c’est l’apanage des prostituées et des femmes d’Europe de l’Est, assurent-elles. L’une des raisons de cette sévérité est sans doute qu’un nombre croissant de ces vraies Françaises porte le hidjab.
Paris suscite une avalanche de poncifs. La tour Eiffel, au pied de laquelle doivent flâner les couples d’amoureux. Les berges de la Seine, lieu de prédilection pour les promenades vespérales des respectables grand-mères avec leurs petits toutous. Les Champs-Elysées, où défilent avec fierté, sous le drapeau tricolore, les anciens combattants portant la Légion d’honneur. Le Louvre, si raffiné, qui attire aussi bien les amateurs d’antiquités et d’architecture que les adolescents nourris de Dumas, rêvant de duels et de mousquetaires. Le séduisant Montmartre, centre mondial de la bohème, avec ses peintres géniaux et son persistant parfum d’absinthe. Enfin, la place Pigalle et le cancan débridé du célèbre Moulin-Rouge.
“Les amoureux des bords de seine sont homosexuels”
Dans le Paris actuel, ces images familières ont désormais d’autres visages. Au pied de la tour Eiffel, de jeunes gens à la peau sombre jouent au foot. Ils portent tous des maillots estampillés du nom des héros de la France d’aujourd’hui. Ils peuvent ignorer l’existence de Jeanne d’Arc ou d’Antoine de Saint-Exupéry. Leur histoire, leur légende, ce sont Zidane, Henry, Lizarazu, Thuram, Dessailly.
Le soir, des couples d’amoureux échangent des baisers sur les bancs des bords de Seine. Pour l’essentiel, ce sont des couples homosexuels, eux aussi aiment promener leurs bichons le long de la Seine. Les Champs-Elysées, pour le plus grand bonheur des touristes, voient bien défiler de fiers autochtones. Ce sont souvent de joyeux Asiatiques en costumes nationaux de couleurs vives, s’accompagnant de grands tambours et de flûtes. Ils y célèbrent le nouvel an chinois, ou vietnamien ou un autre encore.
Le vénérable Louvre vous accueille par une énorme pyramide de verre. Les Français aiment le contraste entre le baroque sophistiqué et les chefs-d’œuvre postmodernes. A côté de chaque église gothique, ou presque, se dresse une sculpture métallique à la géométrie inintelligible.
A Montmartre, on ne boit plus d’absinthe, mais le quartier a conservé sa réputation interlope. C’est là que s’installent les familles immigrées à faibles revenus. On y pratique le trafic de drogue et, le soir, de jeunes voyous se battent dans les petites rues. Plus de peintres bohèmes mais des Arabes, qui vendent des souvenirs fabriqués en Chine. Même si elles sont restées des centres de la vie nocturne, les lieux de plaisir que sont les places Clichy et Pigalle ont vu le traditionnel cancan supplanté par les peep-shows ou les soirées privées avec danse du ventre.
En un mot, la France étonne à chaque pas le visiteur cultivé. Heureusement, à Moscou, on peut encore s’installer dans un petit restaurant français bien tranquille et déguster une bouteille d’un château millésimé, se servir un morceau de camembert et échanger un “baiser français” avec une élégante amie.
Mikhaïl Zygar
Kommersant-Vlast