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View Full Version : Churchill ou le déclin moral de l'humanité



revision
05-20-2009, 01:25 PM
Churchill ou le « déclin moral de l'humanité »

[Extrait d'un passage du livre de Philippe Masson (Hitler chef de guerre, Paris, Perrin, 2005) et de la note qui l'accompagne.]

Au début septembre, le Fighter command (la chasse britannique) semble donner des signes de fatigue. L'état-major de la Luftwaffe change alors de tactique. Il abandonne ses attaques sur les terrains du Fighter Command et les industries aéronautique et oriente son effort sur Londres, peut-être en réponse aux premiers bombardement effectués sur Berlin par la RAF dans les nuits du 24, 27 et 28 août. Dès le 7 juillet 1940, dans une lettre adressée à lord Beaverbrook, un des magnats de la presse britannique destiné à être promu ministre de la Production aéronautique, Churchill ne dissimule pas son scepticisme à l'égard d'une armée britannique qui ne sera jamais capable de remetter le pied sur le continent et d'affronter la Wehrmacht. La seule ressource de la Grande-Bretagne est de recourir à des bombardements intenses sur l'Allemagne pour miner son économie de guerre et terroriser sa population. Pour le professeur Johnson, cette décision constitue une régression dans l'histoire morale de l'humanité (1).


(1). Johnson P., Une histoire du monde moderne, Paris, Robert Laffon, 1985, t. I, p. 397. « L'essentiel de la lutte entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne nazie [sic] était constitué par le combat aérien et maritime pour conserver la maîtrise des routes maritimes ; c'était une lutte défensive. La seule façon de frapper l'Allemagne au coeur consistait à pénétrer son espace aérien. De jour, il était impossible de faire escorter tous les bombardiers par des avions de chasse ; de nuit ils ne pouvaient pas toucher leur cible avec la précision souhaitable (la marge d'erreur était souvent supérieure à 15 kilomètres). Churchill se trouva donc réduit à opter pour un bombardement massif et sans distinction des villes allemandes. Le 8 juillet 1940, il envoya une lettre à son ministre de l'Aviation, Lord Beaverbrook, propriétaire de plusieurs journaux :

« "Quand je cherche un moyen sûr de gagner cette guerre, je n'en trouve qu'un seul. Nous n'avons pas d'armée sur le continent qui puisse mettre en échec la puissance militaire allemande. Sur mer, le blocus a été forcé, et Hitler peut maintenant s'approvisionner à son gré en Asie et probablement aussi en Afrique. Si d'un côté nous arrivons à le repousser, il peut toujours se replier sur l'Est, et là-bas nous n'avons rien pour l'arrêter. Mais il y a une autre chose, et une seule, qui le poussera à revenir en Europe, et qui l'abattra, c'est une attaque totale, dévastatrice, meurtrière, de tous les bombardiers disponibles dans ce pays contre la terre des nazis [sic]". Cette lettre est d'une grande importance historique (on peut la comparer aux remarques de Churchill sur le pouvoir de corruption de la guerre, p. 13), car elle marque le point à partir duquel la morale toute relative [sic] des sociétés totalitaires vint influencer le mode de pensée et la faculté de décision d'une grande puissance démocratique [sic]. Ce qui est certain c'est que, bien avant la fin de 1940, sous le prétexte de s'en prendre à des "objectifs stratégiques", les bombardiers britanniques intervenaient de plus en plus massivement dans le but de tuer les civils allemands chez eux, et d'effrayer les survivants. Ainsi que le relatent les comptes rendus de la séance gouvernementale du 30 octobre, "il faut que les populations civiles des zones visées ressentent tout le poids de la guerre". Cette politique, conçue par Churchill, approuvée par le gouvernement, ratifiée par le Parlement, recueillit semble-t-il l'approbation massive et enthousiaste de la nation tout entière – franchissant ainsi tous les stades, ainsi que le requiert un régime démocratique. Mais on peut dire qu'elle marqua le début d'un déclin moral de l'humanité contemporaine.


[Source : Masson Philippe, Hitler chef de guerre, Paris, Perrin, 2005, pages 117 et 318]