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L’affaire Hervé Ryssen contre Maître Viguier agite nos milieux. J’en avais connaissance depuis dix jours mais je n’en avais rien dit. Car ma position est la suivante : il ne faut rendre publique que ce qui est nécessaire au public.
Maître Viguier a-t-il détourné des fonds, a-t-il surfacturé de mauvaise foi pour son profit personnel ? Si oui, alors il faut le dénoncer comme tel, afin de mettre en garde les gens.
Mais pour pouvoir dénoncer publiquement, il faut que la culpabilité ait été établie par un juge impartial, au terme d'une enquête à charge et à décharge.
J’attends cette enquête et ses résultats. Voilà pourquoi je m’abstiendrai de tout commentaire prématuré ; car je n’ai pas eu accès au dossier et le révisionnisme m’a appris l’importance de l’accès au dossier lorsqu’il s’agit de juger une affaire.
On m’objectera que je parle à mon aise car ce n’est pas moi qui ai été « escroqué ». Je répondrai en racontant une petite anecdote personnelle.
En 1998, un germanophone a traduit mon livre sur Oradour en allemand. Il m’a trouvé un éditeur en Allemagne : Druffel Verlag. A l’époque, ayant été révoqué de l’Éducation nationale, je (sur)vivais dans une maison délabrée au milieu de nulle part, avec mon épouse et trois enfants en bas âge. Le traducteur connaissait ma situation : aussi parvint-il a négocier un contrat d’édition très avantageux pour moi. Si je me souviens bien, chaque livre devait être vendu l’équivalent de 35 € (valeur actuelle) dont 20 % me seraient reversés. Je devais donc empocher 7 € par livre. Dans la situation qui était la mienne, j’en avais vraiment besoin.
Or, l’éditeur ne me reversa RIEN. Plus tard, j’appris qu’en Allemagne, il était réputé pour ce genre d’indélicatesse.
Ulcéré, le traducteur du livre me proposa de porter plainte contre lui devant la justice allemande. Je n’ai pas donné suite. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait d’un éditeur nationaliste, et que je ne voulais pas offrir le spectacle déplorable de deux nationalistes se querellant devant la « justice » pour une affaire de sous. Pour moi, le principal était la diffusion du révisionnisme sur Oradour.
A ma connaissance, mon livre a connu trois éditions en allemand. J’aurais donc dû toucher 83 000 €. Je n’en ai pas vu le premier centime.
C’est la première fois que j’en parle publiquement. Je n’en parlerai plus. Je souligne en outre que je n’en veux pas à mon éditeur allemand. Plutôt que de perdre mon temps et mon énergie dans une bataille judiciaire déplorable, j’ai préféré agir positivement pour le révisionnisme. Financièrement, j’ai survécu…
Certes, mon affaire n’est pas la même que celle qui oppose Hervé Ryssen à Maître Viguier. Je ne juge ni Maître Viguier, ni mon ami Hervé qui a connu la souffrance en prison.
Mais je pense avoir le droit de dire que, pour ma part, je n’aurais rien annoncé – même dans un cercle privé – tant que l’innocence ou la culpabilité de Maître Viguier n’aurait pas été établie au terme d’une enquête impartiale.
Vincent Reynouard
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