Condamnés pour avoir nié les chambres à gaz

16 août 2018

Mariette et Claude Paschoud ont été sanctionnés pour discrimination raciale. Selon la justice, leurs textes nient l’Holocauste.

Le nom du couple Paschoud est étroitement lié aux négationniostes. Ils remettent en cause l’utilisation des chambres à gaz lors du génocide subi par les juifs dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde guerre mondiale. En 1987, le Conseil d’Etat suspendait Mariette Paschoud de son poste d’enseignante en histoire au Gymnase de la Cité. Claude Paschoud, dont elle est divorcées depuis peu, dirigeait de son côté « Le Pamphlet », publication ultraconservatrice qui existe toujours sur le Web.

C’est d’ailleurs pour des textes publiés sur le site <www.pamphlet.ch> entre 2014 et 2016 que Mariette et Claude Paschoud ont été sanctionnés en mars dernier par une procureure. Soixante jours-amendes à 70 francs pour elle, assortis d’un sursis de 4 ans et d’une amende de 700 francs. Monsieur a été condamné de son côté à 90 jours-amendes à 30 francs avec sursis pendant 4 ans ainsi qu’à une amende de 450 francs. Il a contesté cette ordonnance pénale, ce qui lui a valu un procès public jeudi matin. La peine pour discrimination raciale, qui s’appuie sur le fameux art. 261 bis du Code pénal, a été confirmée. Le montant du jour-amende passe à 60 francs et l’amende à 500 francs.

Face au Tribunal de police de l’arrondissement de Lausanne, Claude Paschoud, juriste qui a enseigné le droit et l’économie à de futurs ingénieurs, s’est présenté comme un « journaliste révisionniste ». Il entend débattre publiquement « sans haine et sans crainte », d’un « point d’histoire controversé », comme l’ont été, selon lui, l’assassinat du président américain Kennedy ou les attentats de New York en septembre 2001. Et cela dans « le souci de la recherche de la vérité » : « Ce n’est pas parce que j’ai des doutes sur les chambres à gaz homicides que j’éprouve de la haine ou je fais preuve de discrimination raciale », affirme-t-il.

Un des textes qui ont amené à la condamnation des deux auteurs, dépourvus d’antécédents judiciaires, dit ceci : « La seule religion à laquelle il est interdit de toucher est la religion holocaustique. » Pour la procureure Hélène Rappaz, « Claude Paschoud et Mariette Paschoud nient de toute évidence l’Holocauste, génocide juif universellement reconnu pour tel, se rendant coupable du délit réprimé par l’art. 261 bis ».

Face à Claude Paschoud, le président Lionel Chambour a confirmé : « Selon la jurisprudence, la simple négation de l’Holocauste mène à l’application de l’art. 261 bis. » Le juge soutient le point de vue de la procureure sur la question de la discrimination raciale comme motif. « Une partie de la doctrine considère que les « historiens » niant l’Holocauste agissent toujours avec une haine antisémite. » Or, souligne Lionel Chambour, « le prévenu reprend à son compte leurs thèses, voire les complète ». Claude Paschoud annonce son intention de faire appel au Tribunal cantonal, et peut-être jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme. Ce que le Turc Dogu Perinçek, condamné à Lausanne pour avoir nié le génocide arménien, avait fait avec succès.

Pour Me Philippe Grumbach, avocat de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) qui a dénoncé les faits, ses chances sont extrêment faibles. « L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit. Les Paschoud sont des négationnistes animés par la haine des juifs. En ce qui concerne la Shoah, la jurisprudence est claire. Nous somme donc soulagés par ce jugement. »

Selon la CICAD, cette condamnation est importante : « En Europe, l’extrême droite a le vent en poupe. Nous devons rester attentifs. Nous sommes inquiets de la haine qui monte, non seulement contre les juifs, mais aussi contre les étrangers en général et les musulmans. »

https://www.24heures.ch/vaud-regions...story/25444129

Source : BOCAGE-INFO - Dépêche No 101/2018