"Shoah" de Claude Lanzmann inscrit au registre de la Mémoire du monde

22 mai 2023

Un classement qui témoigne de la singularité absolue de ce film objet, qui rejoint ainsi des œuvres comme la tapisserie de Bayeux ou l’appel du 18 juin 1940.

Pourquoi fallait-il classer Shoah ? Shoah, dix heures d’images dévoilées en 1985, une méthode et un manifeste, pratiquement un Guernica sur pellicule. Guernica, Picasso répondait à un Allemand qui lui demandait s’il l’avait peint : « Non, ce n’est pas moi, c’est vous. » En ce sens, Lanzmann n’a pas créé la Shoah. À la manière d’autres chefs-d’œuvre tragiques, ce film s’est imposé à lui. Et ce film continuera de nous contempler à chaque fois qu’il s’agira de représenter la Shoah, et tout autre génocide.

Evidemment, Lanzmann aurait détesté qu’on lui dise cela. Pour lui, la destruction des Juifs d’Europe incarnait un événement absolu, infiniment singulier, qu’il était possible de représenter, mais pas de montrer. Voilà pourquoi, de façon mécanique, à chaque fois qu’il était question du génocide juif, Lanzmann assénait qu’il n’y avait que « son » Shoah pour évoquer la Shoah. Parce que Shoah ne « montre » pas la Shoah ; c’est là un parti pris majeur. À aucun moment, il n’est donné à voir la mort d’un être humain. Ici, il n’y a pas de photo volée, de scènes filmées par les nazis, de machins recolorisés pour mieux montrer l’horreur en gros plan. Pas de « porno-Shoah » chez Lanzmann, alors que le filon semble inépuisable, le public se délectant de documentaires parfois impossibles à défendre moralement et artistiquement.

Shoah, c’est une enquête qui tente de répondre à une question simple : comment ? Contre tous ceux qui envisageaient l’événement en métaphysiciens, cherchant le pourquoi de la mort des Juifs, Lanzmann, lui, démonte les rouages de l’entreprise. Il tente de comprendre en convoquant bourreaux et victimes. Car les camps d’extermination ont requis une organisation unique : appliquer pour la première fois des techniques industrielles pour faire disparaître un peuple. Face caméra, les protagonistes de ce drame se livrent, expliquent. Lanzmann questionne, avec une méticulosité obsessionnelle. Shoah, c’est une manifeste et un cri que l’on pourrait résumer de la manière suivante : il n’y a pas de banalité du mal.

https://www.radiofrance.fr/francecul...i-2023-2315566




Retour sur Shoah, film de Claude Lanzmann

Robert Faurisson

21/04/2004

Dans l’argot du cinéma, « nanard » ou « nanar » désigne un mauvais film, en particulier un film déprécié parce qu’il est archaïque, rétro, ringard. Quant à « navet », le mot s’applique à un très mauvais film, insipide ou ennuyeux ; on dira : un affreux, un insupportable navet. Le film culte de Claude Lanzmann date de près de vingt ans, il est d’une insupportable durée (environ 9h20) et son style, grossier et lourd, semble inspiré des plus vieux produits de la propagande stalinienne. En somme, il est, au choix, un « navet » ou un « nanar », et vraiment rien de plus. Par ailleurs, pour ce qui est de la malhonnêteté du contenu, les révisionnistes en ont assez parlé pour qu’on n’y revienne pas ici.

https://robert-faurisson.com/?s=Claude+Lanzmann