Thulé vivait encore au début de notre ère. Il faut désormais partir de cet an Zéro pour essayer de comprendre, comment le monde des Hyperboréens avait été détruit. Et aussi, comment il avait réussi, quand même, à survivre.L’humanisme gréco-latin, était un tour de prestidigitation historique pour amener un nouveau casse-pipe entre Européens. L’Ex oriente lux, il faut redevenir « barbare ». L’enthousiasme pour la Teutonie : Los von Rom ! Remonte à ce premier choc entre Rome et Thulé, lors de la bataille de la Teutoburgerwald, en l’an 9 de notre èreSur la colline de Grotenburg, à six kilomètres de Dertmold, presque à la frontière de la Rhénanie-Westphalie et de la Basse-Saxe, se trouve le Hermannsdenkmal, ce monument dédié à Arminius ou Armin, ce chanceux « Vercingétorix » germanique. Le jeune guerrier Chérusque nous vengeait de la raclée d’Alésia.Le monument a été élevé en 1875, et se veut « kolossal ». Une large coupole repose sur dix colonnes massives. Au sommet d’une statue, œuvre du sculpteur Ernst von Bantel, qui passa toute sa vie à la réaliser. Vingt-quatre mètres de haut.


L’inoubliable victoire d'Armin, le chef chérusque



Le jeune chef des Chérusques reste, certes, un des plus vaillants fils de l'éternelle Hyperborée. Il ne faut pas plaindre non, plus Varus. Ce général hâbleur, ancien gouverneur en Syrie, qui préférait le rythme des vers au fracas des armes, avec ses allures de matamore de l'OAS. Et il ne se déplaçait jamais sans une cour d'avocats et de légistes, dont les criailleries retentissaient entre les tentes. L’histoire est très plaisante, celle d'un jeune rebelle, fidèle à ses dieux du Nord, envoyant ses cavaliers rameuter tous les guerriers, des rivages marécageux aux forêts profondes. Voici la description de cette bataille :

Le vent se lève et tourne au frais. La forêt prend chaque jour davantage la couleur même de l'ambre roux: l'automne arrive. Dans quelques semaines, la neige va tomber dru. Varus décide de quitter un camp provisoire pour sa garnison permanente d'Aliso. L’itinéraire est simple: une voie militaire qui suit la vallée de la Lippe. Un chemin bien tracé, net, rassurant. En cours de route, le général romain apprend que des tribus se sont soulevées; Il suffirait d'un bref détour pour ramener tous ces Barbares à la raison. Varus a toujours rêvé, entre deux roucoulades, de « casser du Germain », Le convoi romain va se mettre en route le lendemain, à l'aube. Trois légions et six cohortes, cela fait plus de vingt mille hommes, ils sont heureux de quitter leur garnison de campagne et de reprendre la route de l'ouest. Ils plaisantent, ils chanteur, ils fanfaronnent. Mais c'est la mort qui les attend. Les légionnaires s'enfoncent dans la forêt. Le ciel gris apparaît, lointain entre les hautes cimes des sapins. Brusquement, surpris par le silence des sous-bois, les envahisseurs se taisent. Désormais, commence pour eux le pays de l'inconnu et de la peur. La forêt de Teutoburg apparaît immense. Le pays, montagneux et coupé de profondes vallées, sombre dans la nuit des couverts. La route a disparu. Il faut se frayer un passage à coup de hache. La nuit semble peuplée d'animaux étranges. On entend des cris de hiboux, des galopades, des murmures. L’ombre se peuple de dieux. La forêt parle et menace. Une tempête se lève, comme si elle venait de la mer du Nord. Le vent gémit, s'enfle, hurle. Un brouillard glacé semble surgir du sol et enveloppe le convoi. Il pleut. Les sentiers se transforment en torrents. Soudain, les Germains surgissent en hurlant. Ils bondissent des couverts. Innombrables. Les centurions romains essayent de faire face. Mais la pluie et la boue ont scindé la colonne et mélangé civils et soldats. Aucune manoeuvre n’est possible. La nuit et la forêt enferment les envahisseurs comme dans un piège. La pluie tombe toujours. Des légionnaires épuisés s'abattent dans la boue, sans même être touchés par les traits des Germains. Les survivants tremblent de peur, de fièvre, de rage. Les guerriers d'Armin surgissent de plus en plus nombreux. L’Ouragan chante dans les hautes branches un hymne sauvage de vengeance et de mort. Le destin s'est prononcé. La résistance s’effondre. Varus se suicide pour ne pas voir le triomphe de son adversaire. Tous les Romains sont égorgés par leurs vainqueurs. Même les chevaux sont abattus. Avec des hurlements de joie, les assaillants s'emparent des aigles de deux des légions. La troisième sera sauvée par un porte-enseigne, qui l'arrache de sa hampe et va se noyer avec elle dans un marécage. Dans l'armée romaine aussi, on sait se battre et mourir pour l'honneur.Et la forêt de Teutoburg, brusquement, redevient silencieuse. L’armée de Varus a sombré corps et biens au creux des halliers comme un navire dans la tempête.Ce fut , La victoire d'Armin, fils de Thulé, telle qu'elle nous est décrite par Vellelus Paterculus, par Tacite, par Dion Cassius. Sur son monument dit Hermannsdenkmal, Armin brandit vers le ciel une épée de pierre, de plus de sept mètres de long. Ce glaive vengeur semble l'épée même de Siegfried. D’ailleurs, de très savants Allemands devaient écrire des volumes entiers sur l'identification Siegfried-Arminius et transformer en mythe cette épopée. Armin avait été fidèle à son peuple et à sa foi, et son bouclier portait pour seule devise: Treufest, ce qu'on pourrait traduire par Fidélité inébranlable.

L’éternelle guerre civile entre les fils de Thulé



Mais il faut pourtant ce garder de donner dans la teutomanie. Car, en réalité, les Romains étaient aussi païens que les Germains, et fils, comme eux, de l'éternelle Hyperborée. Il ne faut pas oublier que les légionnaires de la belle époque ne manquaient jamais d'évoquer, tous les matins, le Soleil invaincu: Sol invictus. D'ailleurs, que sont les Romains, à l'origine, sinon des Prusso-Lituaniens, descendus par le Brenner pour aller fonder une ville sur les sept collines. Leur cité fut, à son origine, aussi « solaire » que Thulé. Tacite n'a pas compris que les Barbares, ce n'étaient pas des ennemis, mais des ancêtres.

Bien entendu, les Allemands ont quand même raison de célébrer leur Hermann national. Certains voudraient même en faire une sorte de druide-guerrier, à l'aide d'une étymologie douteuse où Arminitis égalerait Armanen, c'est-à-dire le prêtre paien. Cet Armin avait le sens de la liberté germanique et se méfiait des manies coloniales des Romains. Le rêve d'un immense empire, hiérarchisé, centralisé, avec à la tête une sorte de pape*-empereur, est plus oriental que nordique. Cette lutte entre les « libertaires» et les «Impériaux» sous-tend toute l'histoire de l'Europe, surtout au sein du monde germanique, qui comprend tout autant la Prusse que la Suisse. Pourtant, cette bataille, où vont disparaître, dans la forêt, les légions de Varus, c'est encore une guerre fratricide entre fils de Thulé.

Ces images romantiques avaient quand même de l'importance. À l'heure du renouveau littéraire qui va déboucher sur une véritable prise de conscience du grand passé hyperboréen, le jeune poète Heinrich von Kleist écrira, en 1808, le Hermannsschlacht, qui symbolise l'éternel combat de Thulé. Napoléon avait, alors, repris la relève de Rome et l'Europe bouillonnait sous le rêve de fer de celui qui apparaissait à la fois comme l'unificateur et comme l'envahisseur et ne savait se sortir de cette contradiction.

La véritable lutte s'engage à Rome

La véritable lutte entre Rome et Thulé, ce n'est pas dans cette bataille d'Arminius qu'il faut la chercher, mais dans le choc entre deux univers totalement irréductibles l'un à l'autre: le paganisme et le christianisme. Vers 41, sous l'empereur Claude, des troubles sont provoqués, à Rome, par les sectateurs d'un certain Chrestos. Les Romains portent peu d'intérêt à cette agitation. Tant de peuples vivent dans l'Empire et tant de races grouillent dans la Ville éternelle qu'ils ne vont pas s'affoler des clameurs d'une obscure secte juive qui prétend que le Messie est venu, qu’il est mort, qu'il est ressuscité et qu'il va libérer son peuple. De temps à autre, les légionnaires crucifient un agitateur dans une lointaine province. Celui-là ne leur a pas semblé plus dangereux qu’un autre. Depuis longtemps, des prophètes de carrefour annoncent la fin des temps et le jour du grand jugement. Personne ne prendra même au sérieux ce Paul de Tarse qui prétend désormais annoncer la bonne nouvelle, non seulement aux juifs, mais aux Gentils, et fonder ainsi une secte universelle qui recrute bien au-delà de ses coreligionnaires de la Diaspora. Il faudra que des chrétiens soient soupçonnés d'avoir incendié Rome en 64 et détruit à 90 % la capitale de l'Empire, pour que Néron les prenne au sérieux et les traite avec quelque énergie.

Dès lors, la nouvelle religion va commencer son irrésistible ascension. Le terrain semblait favorable. Une partie de la population n’est plus d'origine romaine - c'est-à-dire hyperboréenne - mais syriaque. Quant à la vieille foi païenne, elle a subi depuis longtemps une orientalisation qui l'a défigurée. Pour les âmes naives, il n'est pas tellement difficile de passer de Mithra au Christ et de Cybèle à Marie. Les religions orientales répandues à Rome vont être au christianisme ce que les partis sociaux-démocrates seront au bolchevisme, au lendemain de la Première Guerre mondiale; elles lui ouvrent la voie.



Pour ceux qui ont été élevé,naguère dans l'admiration d'un christianisme qui se voulait encore médiéval et toujours « triomphaliste», on imagine mal les débuts de la nouvelle foi. Les prédicateurs sont aussi des agitateurs. Ils font appel au ressentiment populaire et parlent de la venue du Messie comme de l'approche d'un Grand Soir. Désormais « les premiers seront les derniers « , et les esclaves remplaceront les fils de Thulé. Le christianisme primitif se veut révolutionnaire et apocalyptique.

Ce qui est nouveau dans le christianisme, ce n'est pas sa doctrine. Les crédules en avaient entendu bien d'autres. Mais cette fois, on leur promet la révolution. jamais aucune religion n'avait été aussi radicale, aussi intolérante pour les autres cultes, aussi violente contre les riches et les puissants.



Pour les chrétiens, on ne peut plus servir à la fois le royaume de et l'Empire de César. Ces prophètes, qui annoncent le Jugement, vont rapidement recruter des fanatiques. Mais toujours dans les villes et les grandes cités romaines. Le message de la révolution reste assez incompréhensible dans les campagnes où les paysans restent attachés aux vieux dieux hyperboréens du foyer. Mais, peu à peu, l'Église, qui n'est encore qu'une vague confédération de « communautés de base », groupées autour de leur évêque, gagne du terrain. De tolérances en persécutions, les idées nouvelles s'infiltrent. On assiste à une fantastique inversion des valeurs: les esclaves convertissent leurs maîtres et les femmes leurs maris! Le christianisme constitue, lentement mais tenacement, véritable contre-pouvoir. En 313, l'empereur Constantin, au lieu de barrer la route à la révolution, croit malin d'en prendre la tête dans l'espoir fou de la contrôler. Il se convertit, en voulant faire preuve de libéralisme avancé! Rome va en mourir et Thulé avec elle.

Quand le christianisme devient obligatoire sous peine de mort



Peu connaisse les terribles événements de l'année 355. Le christianisme devient obligatoire, dès le mois d'avril, et, au mois de décembre, l'empereur décide que la peine de mort attend ceux qui refusent cette conversion. Désormais, l'Urbs et l’Orient s'identifient. La guerre entre Romains et Germains n'était qu'une querelle de famille. Maintenant commence la lutte impitoyable, et souvent comprise, entre deux conceptions du monde antagonistes. Certes, l’Empereur Julien verra le danger et deviendra, à jamais, l'Apostat, par son retour à la vieille foi solaire de ses ancêtres. Mais il est trop tard. L’ »identité »romaine n’est plus visible dans les faits et elle ne mobilisera plus les coeurs. La religion de la croix remplace le culte du soleil. L’homme n’est plus libre. Toute sa vie n'est plus que soumission à la fatalité du péché éternel et obéissance à la dictature de l'appareil clérical. Pour le converti, le vrai monde n’est plus le monde réel d'ici-bas, avec ses sources et ses bois, mais au-delà où l’attendent d'inimaginables récompenses ou de terrifiants tourments. Dans l'antique Hyperborée, chaque homme n'avait d'autre juge lui-même ni d'autres lois que celles de son clan. Désormais, il existe un grand juge extérieur et invisible. C'est un Dieu de bonté et de haine, deux mots dont les Hyperboréens comprennent mal le sens, car ils ne connaissent le devoir, qu'ils baptisent destin, et l'honneur qui n'appartient qu'à eux. Odin-le-Borgne qui est aussi Odin-le-Sage, celui qui connaît le secret des runes, laissait naguère les hommes faire face, solitaires, à leur propre destinée. Désormais, une sorte de père Fouettard, assis sur les nuages, le remplace.



Thulé va être cachée puis détruite par les hommes de la nouvelle foi. L’Apocalypse, qui annonce l'arrêt total de l’Histoire, remplace le Ragnarôk, ce crépuscule des dieux, qui exalte, au contraire, l'éternel retour. Ce qui était essentiel, pour les Hyperboréens, c'était la vie. Désormais, ce qui devient important, pour les chrétiens, c'est la mort, puisqu'elle ouvre la porte des seules «réalités» qui comptent: le Paradis ou l'Enfer. Les prophètes de carrefour ont réussi le grand renversement des valeurs. Il n'y a plus ni riches ni pauvres, ni maîtres ni esclaves, ni hommes ni femmes. Tous sont semblables, égaux et interchangeables sous le regard du nouveau Dieu.

TRIOMPHE DE LA CROIX DU CHRIST SUR LE MARTEAU DE THOR





Tous les pseudo-historiens obsédés par le problème des fameuses « sources écrites » décrivent une des plus fantastiques aventures de notre monde comme une sorte de chaos où il ne serait rien survenu. Ce sont, pour eux, des années obscures, des siècles «noirs». Ils ne consentiront à faire redémarrer l’Histoire qu’après avoir mis l'essence du christianisme dans son moteur. Une fois convertis à la Foi de l’Orient, les Barbares deviennent, enfin, des gens bien convenables que l’on peut accueillir dans la fraternité universelle. Mais nos prestidigitateurs ont escamotés près de dix siècles! Les plus significatifs et les plus déterminants. Heureusement, les archéologues et les philologues nous aident à y voir un peu plus clair ; Ce qui s'était passé deux ou trois mille ans avant notre ère va recommencer. Une fois encore, le centre de dispersion, la « matrice des peuples » ce sera la plaine du Nord, et singulièrement la péninsule jutlandaise. C'est du pays de l’ambre que les fils de l'éternelle Hyperborée vont, à nouveau, déferler sur toute l’Europe.



Mais qui se fera le chantre de cette colossale migration ce Völkerswanderung prodigieux, qui constitue, jusqu'à l’époque des vikings, notre nouvelle Longue Marche? Aventure bien plus prodigieuse leurs descendants du XIXè siècle, qui devaient, à leur tour, connaître l’épopée du «western » des plaines de l'Ouest américain et de l'immense steppe sibérienne. Le Danois Johannès V. Jenser a, naguère tenté une telle entreprise romanesque, mais son oeuvre n'a jamais été traduite en français,une fois encore, un tel récit montrerait combien les peuples européens, dans toutes leurs nécessaires diversités, n'en ont pas moins été fécondés par les mêmes vagues de conquérants, surgis des rivages marécageux de la Baltique et des forêts immenses où avait naguère lutté et vaincu Arminius le Chérusque. Une fois encore, l'opposition séculaire entre le Nord et le Sud y perdrait de sa dangereuse acuité. On trouve toujours d'authentiques Hyperboréens des rivages de Galice aux collines de Provence. Une opposition des Gaulois et des Teutons n'a finalement pas plus de sens profond que la lutte des Germains et des Romains. Les Alains de la mer Noire et les Celtes de Bretagne sont du même sang. Ils sont authentiques fils de Thulé.

La Longue Marche des peuples de l'Europe du Nord



À la veille de ces invasions d'où devait sortir notre monde médiéval, Il est intéressant d’égrener les noms de chaque Sippe, ou tribu, et de chercher à les localiser dans l'espace, que les auteurs latins appelaient indifféremment Hyperborée ou Germanie. À l'est, les Goths, venus de la Baltique jusqu'en Ukraine, se divisent en Ostrogoths, les « Brillants », et en Wisigoths, les « Sages ».Les Gépides voisinent avec les Vandales. Les Burgondes, venus de l'île de Bornholm, cette autre Thulé, glissent de l'Oder vers le Rhin. À l'ouest, les Alamans se maintiennent sur ce fleuve, tandis que les Francs se divisent en Ripuaires et Saliens.

Au nord, les Angles et les jutes occupent la presqu'île sacrée des rivages de l'ambre. Entre les bouches de l'Elbe et de la Weser, vivent les Saxons et les Frisons, tandis que les Lombards sont installés entre l'Elbe et l'Oder. Soudain, la carte s'anime. Les tribus se mettent en marche. Le sang du Nord coule comme la lave des volcans de l'Islande, recouvrant peu à peu toutes

les provinces du monde romain, agonisant sous le poison d'une foi étrangère. Divisé par Dioclétien en diocèses, l'Empire va mourir. L’unité politique ne recouvre plus qu'un chaos ethnique. Que peuvent, contre les lois de la vie, les phrases du poète chrétien Prudence: « Du mélange des peuples, une race

unique est née... La paix romaine a préparé la voie à la venue du Christ... Déjà, ô Christ, tu saisis le monde, que la Paix et Rome tiennent en un noeud serré. »

L’épée des héritiers d'Arminius va trancher ce noeud multicolore. Eux, refusent cette fin des temps,, que prêchent saint Jérôme et les prophètes de l'Apocalypse.Les Barbares croient en leur puissance et en leur force. Ils ne sont pas les prédicateurs d'un autre monde, ils sont l'éternelle jeunesse de cette terre.jeunes. Jeunes, bien sûr, mais avec toutes les imprudences et les naïvetés de la jeunesse.



Devant les évêques, rompus à toutes les acrobaties dialectiques, ils ne vont pas faire le poids. On nous raconte que la conversion au christianisme a été spontanée, puisque la nouvelle religion venue d’Orient aurait été « supérieure » à nos vieux cultes barbares. La bonne blague !

On n’imagine assez mal les chefs barbares discutant théologie avec ces petits clercs au verbe intarissable. Les seuls qui auraient pu, peut-être, discuter au IVè siècle, c’étaient les prêtres païens les godis. Il n’en restaient plus beaucoup. Déjà, les Romains avaient commencé l’anéantissement systématique de la classe sacerdotale hyperboréenne. Sur l’île de Mona, par exemple ils avaient massacré tous les druides. Cette histoire d’une conversion pour des raisons « religieuses » est stupides. Mais tous le monde semble l’admettre, car elle rejoint les idées à la mode. Sans la victoire du monothéisme, on ne pourrait ni parler de l’identité de tous les humains, ni définir l’homme par l’extra-humain. Le mythe égalitaire va naître du christianisme et sera récupéré par le marxisme. Aussi, tous les bouffeurs de curés francs-maçons parlent sans rire de la supériorité du christianisme. La réalité est tellement plus évidente. C’est tout simplement une histoire de politique. Les chefs barbares avaient déjà besoin de songer à leurs électeurs, ce qui mène à toutes les bêtises.





Les raisons véritables de la conversion des « Barbares »





Dans cette décadence de l’Empire romain, il ne reste plus qu’un seul pouvoir, invisible, mais réel, celui de l’appareil ecclésiastique. L’Eglise est devenue organisation, elle contrôle, de plus en plus, de grandes masses de populations, sur l’étendue de l’Empire agonisant. L’Eglise allait devenir la seule interlocutrice possible entre la grande masse conquise et les chefs conquérants. Les Barbares sont des hommes d’actions. Pour contrôler leurs nouveaux sujets, des immenses territoires qu’ils ont conquis, ils vont faire confiance à ceux qui les connaissent bien et qui, depuis des génération et des générations les manipulent. Ce sera l’Eglise.

Car le pouvoir des chefs germains semble moins grands, à long terme, que celui des évêques chrétiens, qui contrôlent les populations. Le système de coercition mentale du christianisme fonctionne souvent depuis plus d’un siècle. Il a fait ses preuves. Les Barbares sont éblouis par l’intelligence, le fanatisme et la culture de ceux qui se présentent comme leurs interlocuteurs privilégiés. Il ne « font pas le poids » devant ce mélange de raisonnement astucieux et de malhonnêteté habile. Ils n’ont pas été comme eux formé a la dialectique révolutionnaire.

Les chefs barbares s’épuisent en querelles personnelles. Pour se maintenir au pouvoir, contre leur concurrents, les candidats ont besoin d’appui. Ce que leur offrent leurs interlocuteurs chrétiens, rompus aux intrigues. Leurs arguments étaient : « Le Dieu unique à crée le monde. L’ordre du monde ne peut être que l’ordre de Dieu. Lui désobéir serait désobéir à Dieu lui même. Si tu te convertis avec tes hommes, ton pouvoir précaire se transformera en pouvoir divinisé. »La confirmation de cette dialectique imparable se retrouvait dans le fait, que ce sont les chefs qui ont ordonné à leurs hommes de se soumettre à la volonté des évangélisateurs chrétiens, car ils en escomptaient un bénéfice immédiat.



Le Christianisme est aussi le triomphe du monde citadin sur le monde rural. Il ne faut pas oublier l’immense poids numérique des populations urbaines et des paysans « soviétisés » des fermes de l’Etat. La masse humaine de la population européenne, à l’époque des Grandes évasions, se trouve dans le sud et non pas le nord. Le rapport de forces est écrasant.

Mais le plus grave est que les chefs barbares n’avaient aucune conscience historique. Depuis bien longtemps, la classe des Godis avait disparu. Elle seule aurait pu être consciente de l’enjeu du combat qui se livrait entre Rome et Thulé.

Les Invasions Barbares.



Les Barbares qui ont pris Rome, en ce beau jour de 410, ne sont plus des païens mais des chrétiens, de la variété schismatique arienne. Leur premier soin sera de massacrer les Romains resté païens, que leur désignent leur coreligionnaires. Ainsi périront les dernières familles patriciennes, fidèles aux dieux du sang et du sol italiotes.

Les Grandes invasions barbares continuent. Après l’Italie, la Gaule tout entière brûle comme une torche. Le Rhin est franchi. Et le Danube. Voici que déferlent les Vandales, les Suèves, les Alains, les Burgondes, les Alamans. L’Espagne est atteinte. Athaulf le Wisigoth rêve d’unir le nom romain et la force gothique.



Mais trop de guerres civiles opposent entre eux ces pures fils d’Hyperborée. Vieille maladie qui consacre l’absolue primauté de l’individu chez les Germains, mais les rend incapables de se soumettre à la loi d’un seul. Ils n’ont jamais voulu d’autre maître qu’eux-mêmes.

Dans la lointaine île de Bretagne, les Pictes d’écosse franchissent le mur d’Hadrien et les Scots d’Irlande s’installent au pays de Galles, des bretons passent la Manche et s’installent en Armorique. Du Boulonnais au Bessin, les côtes de Gaule sont franques et saxonnes. En Méditerranée, Genséric le Vandale occupe les Baléares, franchit le détroit de Gibraltar et s’empare de Carthage. La vieille rivale de Massalia et de Rome tombe au mains d’un fils de Thulé.



Théodoric le Wisigoth a stoppé Attila aux Champs catalauniques et sauvé l’Europe des Huns, en 451. Le royaume wisighotique ira de la boucle de la Loire au détroit de Gibraltar et de l’océan Atlantique aux Alpes maritimes. En septembre 476, Romulus, le dernier empereur romain d’Occident, surnommé « Augustule » n’est plus qu’un enfant prisonnier aux mains de l’Hyperboréen Odoacre.



Les fils de Thulé pouvaient tenir le monde, mais ils se sont déchirés comme des colporteurs sur un marché. Théodoric l’Ostrogoth envahit l’Italie et assassine Odoacre. Clovis le Franc s’empare de Soissons et se bat contre les Alamans. A la fin du Vè siècle ou au début du Vè, on hésite encore entre les dates de 498 ou de 506, il se convertit au catholicisme, pour devenir « roi de droit divin » et affermit ainsi son pouvoir. Il reçoit le baptême un jour du solstice d’hiver ! Ce reniement de la foi de Thulé lui assure le soutient de l’Eglise et lui permet de vaincre les Wisigoths. La « force historique » de Clovis et de son vieux complice l’évêque Rémi, c’est le germe de mort au sein du monde germanique.

Le massacre ultime ressource des évangélisateurs à Verden.



Désormais, les pires ennemis de Thulé, ce seront des Hyperboréens convertis. Dès le VIIè siècle le triomphe du christianisme apparaît total en Occident. La victoire absolue a été obtenue en Irlande, où les populations gaéliques, sensibles au merveilleux, se sont montré vite éblouies par les récits fantastiques des missionnaires. Une des Terre sacrées de l’Hyperborée basculait ainsi dans un gigantesque éblouissement, et rejoignait le camp de Rome.



Mais commence aussi pour le christianisme la lutte la plus dure. Les ressources de la dialectique s’épuisent en avançant vers l’Est et le Nord. La nouvelle méthode, maintenant que les chefs barbares de l’Occident ont mis par calcul politique, leur épée au service de la croix, ce ne sera plus le verbiage mais le massacre. Les païens sont mal armés pour se défendre. Ils n’ont jamais possédé d’organisation religieuse centralisée et l’île sainte de Thulé reste davantage un symbole qu’une réalité. Les croyances païennes sont nombreuses et diffuses. Elles varient selon les peuples et même selon les individus. Chaque homme « en prend et en laisse » avec les dieux comme chefs. La foi reste affaire individuelle et intérieure.

En face, l’Eglise apparaît comme un bloc sans faille. Elle a prit la succession de la Rome antique et elle va entièrement contrôler le pouvoir qui a succédé a celui des empereurs. Le Clergé va réaliser avec Charlemagne la totale alliance du trône et de l’autel. Thulé ne pourra rien contre le globe et la croix.



Charlemagne est, certes, un beau symbole pour enterrer la petite querelle entre les Gaulois et les Teutons. Est-il allemand ou est-il français cet empereur qui va régner à Aix-la Chapelle ? Mais le couronnement de l’an 800 est une catastrophe. Karl der Gross n’est pas l’unificateur de notre continent. C’est le fossoyeur de notre liberté. Charlemagne n’a pas relié les lambeaux de l’ancien Empire romain. Il a fait couler un fleuve de sang entre les fils fidèles de Thulé et les rénégats qu’il menait à l’assaut des libres peuples du Nord. Sa guerre contre les Frisons et les Saxons reste un crime imprescriptible. Lui aussi, il préférait « la politique ».

Le véritable héros de Thulé dans cette aventure, c’est Witukind le Païen. L’Eglise parle pudiquement de la conversion des Saxons. Un baptême dans le sang ! Il ne faudra jamais oublié ce qui s’est passé à Verden en 782.



Verden, est une petite ville de Basse-Saxe. L’endroit maudit, Sachsenheim, se situe au nord de la ville. Cette allée circulaire de plusieurs kilomètres borde une prairie gorgées d’eau. Là, s’est déroulée le massacre. Quatre mille cinq cents Saxons ont été passés au fil de l’épée par les soudards chrétiens de Charlemagne. Le chemin est bordé de grosse pierres qui atteignent parfois la taille d’un homme. On en compte autant que de païens massacrés pour leur foi. Immense temple naturel qui perpétue le souvenir de cette effroyable exécution des captifs. Mais ce qui est plus odieux . C’est que, après la dernière guerre, le clergé allemand a réussi à récupérer ce lieu, où désormais s’élèvent les bâtiments d’une école évangélique. Des versets de la Bible sont gravé sur certaines pierres et, au milieu du champ des martyrs se dresse une immense croix : Le mensonge s’ajoutait à l’horreur. On avait osé changé le camp des victimes.



Après l’installation des Lombards en Italie du Nord, la venue des Danois et des Norvégiens, en Angleterre et en France, constituait le dernier acte de l’immense Völkerwanderung nordique.

Les Scandinaves étaient resté païens et Odin, le dieu borgne, envoyait ses corbeaux pour les guider sur la route des vagues. Les vikings n’ont pas réussit pourtant, à créer un empire du Nord Hyperboréen et païen, alors qu’ils occupaient un prodigieux espace géographique, de Terre-Neuve à la Volga et de l’Islande à Byzance. Il leur manquait une volonté politique d’unité. Mais ils étaient trop épris de liberté pour se soumettre au moindre pouvoir. Le « centre » de leur monde oscillait sans cesse de la Norvège à l’Angleterre et du Danemark à la Normandie, au hasard des équipées royales. Après la décision prise, à l’Althing islandais de l’an Mil, de se convertir au christianisme, toute cette tempête se calme.

Pourtant il reste quelques païens irréductible.Ces derniers fidèles a la foi du Nord, on les retrouve en 1047, à la bataille du Val-ès-Dunes. Au cours de laquelle les barons nordiques du cotentin se sont révoltés contre Guillaume le Bâtard et ses troupes chrétiennes alliées au Français. On entendit une dernière foi la vieille clameur païenne de « Thor aïe » retentir sur une terre d’Occident. Le dieu au marteau devait s’incliner devant le duc à la croix.



LA SURVIE SECRETE DE THULE





Désormais, nous étions vaincus. Nous descendions, à notre tour, dans ces catacombes que sont pour les hommes du Nord les forêts profondes. Le grand essartage commençait. Nos dieux devaient fuir les clairières et les sources. Nos fées devenaient sorcières. Les flammes des bûchers ne cessaient de crépiter. Mais, peut-être, au secret de la vieille forêt germanique, restait-il encore quelques initiés et une poignés de fidèles ?

Pourtant, même si l’on se raccroche au moindre espoir que Thulé n’avait pas pu mourir. Il faut continuer a se méfier de toutes les coïncidences, si vite transformées en certitudes par les naïfs chercheurs de la foi des ancêtres.

Les compagnons-batisseurs héritiers des « Godi » germaniques



Les néo-païens pensent qu’il y’aurait un lien entre l’esprit de Thulé et les confréries de la franc-maçonnerie. Selon eux, l’Atlantide n’est pas un lieu, mais une science. Elle a été sauvée par les Germains et les Celtes. Ces deux peuples avaient des prêtres, les Goden ou Godi, les hommes de Dieu. Ces prêtres dépositaires de l’esprit de Thulé animaient des confrérie de guerriers, les Männerbunde.

Ce sont les « associations d’hommes libres » dont parle Tacite dans Germania. Ces petits clans étaient à l’origine de notre chevalerie médiévale.

« Quand un guerrier s’est distingué par son courage, les jeunes gens s’associent à lui et se font ses compagnons, ses fidèles. Chaque chef a sa troupe qu’il doit armer et nourrir, avec laquelle il marche au combat. Les fidèle son unis par des liens intimes et il y a infamie pour le guerrier qui survit à son chef mort dans la bataille. »

Un véritable pacte du sang liait ces hommes dont les « bandes » semblaient vivre selon des rites particuliers, mystérieux et sacrés. On peut voir en eux les garants des libertés nordiques. Ils maintiendront longtemps les vertus de l’individualisme, contre toue volonté politique de centralisation et d’autorité.



Charlemagne a cru tout noyer dans le sang, mais on ne détruit pas ainsi une foi. L’idée que notre tradition a été gardée par des sociétés secrètes est bien présente. Ces sociétés secrètes héritières directes des Männerbunde est toujours tenues en mains par les Godi. Elles ont durés pendant tous le Moyen-Age, sous couvert des confréries de bâtisseurs. Ceux qui ont construit les cathédrales restaient d’authentiques fils de Thulé. C’est l’origine des Franc-Maçonnerie. Les Guildes gardaient aussi les traditions nordiques.

Au début l’Eglise n’étaient pas hostile à toutes ces corporations, car elle croyaient les contrôler. On retrouve toujours les trois étages de l’initiation : les apprentis, les compagnons et les maîtres. Tout cela à duré jusqu'à la guerre de Trente ans. On utilisait alors couramment les runes dans les symboles de l’héraldisme. Mais cette guerre a marqué une rupture. Désormais, il manque une génération pour servir de lien. Toute cette science devient alors occulte. La Maçonnerie s’est retournée contre ses ancêtres et l’Eglise a exercée une domination absolue. Il a fallu tout retrouver et revenir au vieux savoir.



Jusque là l’explication paraît assez cohérente, mais en approfondissant leur raisonnement, ils en viennent à dire que la Bible est un livre autant hyperboréen qu’hébraïque. Beaucoup de textes sont d’origine atlante. Tous est dans les nombres et les signes. Les runes permettent de capter les rayons cosmiques. Il faut oublier le matérialisme pour revenir au spiritualisme. La preuve de ce qu’ils avancent seraient les labyrinthes et les souterrains, que l’on trouverait sous les maisons de ces mystérieux compagnons-bâtisseurs, qui nous auraient gardés, pendant des siècles d’obscurantisme, les secrets de Thulé. Mais malheureusement ces maisons ont été systématiquement rachetées par les jésuites et les francs-maçons.

Le vrai secret de Thulé reste la conservation du sang.



Cette vision néo-païenne est plein d’une bonne volonté touchante. Mais on ne peut quand même pas tout expliquer par l’ésotérisme et le coup de pouce des sociétés secrètes millénaires.D’un point de vue historique, on imagine assez peu, que les Männerbunde de la Germanie primitive aient pu survivre clandestinement pendant plusieurs siècles. On imagine des confrérie d’initiés, des rites mystérieux, si ce n’est des liens homosexuels. Il y’a toujours ce goût de l’insolite et de l’anormal. La réalité semble beaucoup plus simple. Le caractère se transmet par l’hérédité, tout autant que la couleur des yeux. Pourquoi disparaîtrais, alors cet esprit de liberté et d’individualisme qui caractérise, dès son origine, le monde des Hyperboréens ? Il n’est pas besoin d’une organisation plus ou moins clandestine. Tant que leur nature biologique ne changent pas, les hommes gardent les mêmes réflexes. Sur les rivages de la mer du Nord et de la Baltique, le peuplement est demeuré tel qu’en lui-même pendant cinq millénaires. Le vrai secret de Thulé ce n’est pas la création d’une société secrète, mais la conservation du sang, c’est-à-dire, finalement, de l’esprit.



Tout le monde médiéval est dominé par le conflit du pape et de l’empereur. Les Guelfes et les Gibelins poursuivent la vieille lutte de Rome contre Thulé. Mais dans un conflit sans doute plus politique que religieux. Certes Frédéric Barberousse est un géant. Mais ses compagnons de croisade Philipe Auguste et Richard Cœur de Lion ne manquent pas non plus de stature. Et le grand bonhomme du Moyen-Age germanique c’est quand même Fréderic II de Hohenstaufen, empereur d’Allemagne, roi des romains, de Sicile et de Jérusalem. Il rêve de devenir imperator mundi, l’empereur du monde. Cette ambition le situe finalement entre Charlemagne et Napoléon, sans pour autant le rapprocher de Thulé. Un bon point, on le dit fort peu chrétien : il sera excommunié par le pape. Mais cette une pratique tellement courante à l’époque. Il reste, certes, la fameuse phrase : « Moïse, Jésus et Mohamet, ces trois grands imposteurs… ». Mais pour satisfaire ses ambitions impériales, il n’hésite pas à s’allier avec les Arabes. Il sera aussi l’instigateur de la grande croisade contre les Borusses, ces derniers païens d’Europe.



Les Teutoniques mènent la grande croisade contre les derniers païens d’Europe.



C’est un des épisodes les moins compris de l’histoire maudite des descendants de l’Hyperborée. Protecteur des Teutoniques, Fredéric II devait bénéficier de toutes les propagandes. Les catholiques le félicitent pour sa conversion des païens de Lituanie, les nationalistes allemands le revendiquent comme le précurseur du Drang nach Osten ! et les ésotéristes cherchent à en faire l’initié de quelque mystérieux pouvoir occulte.Le Hohenstaufen cherche à exterminer les derniers fidèles de Thulé. Il faudra toute la propagande nationaliste allemande, obsédée par le conflit entre les Germains et les Slaves, pour justifier ce brigandage. Toute cette imagerie des chevaliers au blanc manteau et à la croix noire paraît d’autant plus néfastes que ce sont les Lituaniens et les Borusses qui conservent alors le culte de nos vrais dieux. Une fois encore, des Germains seront les artisans de la ruine du vieux monde nordique. Les chevaliers teutoniques ne sont pas seulement les soldats de l’empereur, il sont aussi les croisés de son ennemis le Pape. Ils ont massacré ceux qui adoraient encore les dieux du feu et de l’eau.Certes, ils sont plus conquérants que missionnaires et l’historien et dramaturge prussien August von Kotzebue avoue dans son livre Preusses ältere Geschichte, qui date de 1811 : « Malgré des recherches minutieuses dans les archives de l’Ordre, je n’ai trouvé aucune preuve que les chevaliers aient jamais cherché à répandre la foi chrétienne. Ils voulaient conquérir un pays et non point un peuple ; établir leur domination et non point faire régner l’enseignement du Christ. »Il faudra l’intervention des Mongols de la Horde d’Or pour que les teutoniques reprennent soudain un rôle européen, face à l’Asie . A leur appel des chevaliers accourent de tous l’occident, et la bataille s’engage à Liegnitz en 1240.Cette bataille est peu connue, plus de dix mille hommes, venus de tous les pays d’Europe, de l’Andalousie à l’Ecosse et de la Sicile à la Bohême, y perdront la vie sur le champ de bataille. Plus d’un siècle plus tard, en 1380, le Russe Dimitri Donskoï prendra la relève des Teutoniques et réussira à battre les asiatiques de la Horde d’Or à Koulikovo. Désormais, face à l’Orient, ce sont les Slaves qui forment le barrage. De l’équipée Teutonique, on ne retient finalement qu’un fait : leur longue croisade a détruit, par le fer et le feu, les derniers païens d’Europe. Quelques survivants irréductibles se réfugient sur les îles d’Œsel et de Rühno. Sur les rivages baltiques se terminait l’histoire visible de Thulé. Les dieux ne vivaient plus que dans les marais et les bois. Ils se cachaient encore dans ces nuages, courant sur un ciel embrasé par tous les incendies.Pour vaincre les Teutoniques, Jagellon, le renégat polonais s’est converti au christianisme. A Vilna, capitale des derniers païens, le souverain fait éteindre le feu sacré qui brûlait depuis des siècle. Le temple est détruit et le bois divin livré aux flammes.Désormais, les hommes du Nord n’avaient plus le droit d’allumer de la lumière la nuit devant les sources ni de se réunir pour chanter dans les clairières. L’Eglise triomphante l’interdisait. Ainsi, le paganisme avait succombé après mille années de résistance. Jagellon, en imitant Constance, avait trahi la foi de ses pères et livré l’ultime place forte où vivait encore l’esprit de Thulé.

Le protestantisme triomphe ou défaite de l’esprit du Nord ?



Bien entendu, la religion païenne n’a pas disparut du jour au lendemain, parce ce que ce polono-lituanien de Jagellon se convertir et se fait appeler Ladislas. Mais le fait que le protestantisme recouvre assez bien la carte du peuplement germanique, n’est pas pour autant une revanche. Il est vrai que les Prussien lors de la Réforme de Luther, abandonnent d’un seul élan, le catholicisme pour la religion réformée. La classe des prêtres se trouve brisée et chacun peut enfin retrouver Dieu au fond de lui-même. C’est un Mouvement d’orgueil qui rompait avec cette obéissance cadavérique si contraire a la foi du Nord.Il ne faut pas pour autant confondre la cause et l’effet . Certes, le protestantisme a poussé sur l’esprit même de Thulé. Mais les conséquences de la Réforme ont été, finalement, catastrophiques. Sans elle, le catholicisme, alors en pleine décadence, aurait été emporté facilement par le grand courant libérateur de la Renaissance. La Réforme protestante a provoqué la contre-Réforme catholique et obligé l’Eglise à reprendre une combativité qui devait longtemps assurer son triomphe temporel. De toute façon les protestants, les parpaillots ne remettaient pas en cause le christianisme dans ces fondements orientaux. Au contraire. La Bible devenait le livre saint. Alors que notre seul livre saint, c’est quand même l’Edda islandaise où sont rassemblées toutes les traditions de la mythologie scandinave. Le Protestantisme charrie le meilleur et le pire. Dans son Mythus, Rosenberg l’a un peu idéalisé, pour des raisons sans doutes plus politiques que religieuses. Il est vrai que ce néo-païen nazi arrivait aussi à justifier les Teutoniques au nom du Drang nach Osten ! Il ne faut pas oublier pas que le protestantisme devait aboutir à la Guerre des Paysans et à toute les folies sanguinaires des illuminés comme Thomas Münzer, le hippie messianique de l’anabaptisme. Retour du christianisme à ses origines révolutionnaires communisantes. « Aiguisez vos faucilles, la révolte est sainte », dit Münzer. Cette jacquerie aboutit à une débauche de massacres et de pillages, On est loin de l’esprit de Thulé !

Mille merci pour ce magnifique texte à l'auteur NILFHEIM...